J’ai fait un long voyage avant d’arriver à Rosemont. Heureusement, ma tante Adélaïde de la Tour Fondue-Smith a accepté de me loger chez elle.
Je ne m’attarderai pas trop sur ma tante Adélaïde, mais disons qu’elle fait peur. Vieille, sèche, avec de petits yeux rusés qui semblent vouloir lire à travers vous, elle est tout le contraire du glouf. À un détail près. Adélaïde aime les carottes. Elle les adore. Elle en mange à tous les repas. Coïncidence? J’y reviendrai.
Quand je suis arrivée chez elle, ma tante m’a toisée de haut en bas avant de me faire entrer dans son rez-de-chaussée de la 45e avenue. Je venais à peine de poser mes fesses sur le canapé qu’elle m’a demandé :
– Alors, ma petite Zaza? Quel bon vent t’amène à Rosemont?
Je me suis raclée la gorge. Qu’allais-je répondre? Que j’étais sur la piste du glouf – un animal qui fait deux fois la taille d’un kangourou et qui crache du shpill quand il a peur? Jamais de la vie. Elle ne me croirait pas!
D’une voix trop aigue pour être honnête, j’ai répondu :
– Je suis venue étudier les mœurs des chats de ruelles.
Adélaïde a froncé les sourcils. De toute évidence, ma réponse ne lui plaisait pas.
– Très bien, a-t-elle murmuré en pinçant les lèvres. On en reparlera plus tard.
Puis elle s’est levée avant de disparaître dans la cour.
(À SUIVRE)